OKR et KPI : le guide pratique pour piloter la croissance de sa start-up
Comment relier North Star, KPI et OKR pour piloter votre start-up efficacement. Guide 2025 avec benchmarks récents, dashboards concrets et processus d'exécution éprouvés.
STRATÉGIE DIGITALE
Iannis Iglesias
9/15/202523 min read


OKR et KPI : le guide pratique
La différence entre mesurer et piloter
Vous collectez probablement déjà des dizaines de métriques. Vous savez combien d'utilisateurs se connectent chaque jour, quel est votre taux de conversion, combien vous coûte l'acquisition d'un client. Pourtant quand vient le moment de prendre une décision stratégique majeure, vous vous retrouvez souvent à naviguer à vue.
Ce paradoxe touche de nombreuses start-ups : nous n'avons jamais eu autant de données mais nous n'avons jamais été aussi peu sûrs de la direction à prendre.
Le paradoxe des start-ups qui collectent tout et ne décident rien
Le problème n'est pas le manque de données, mais l'absence de hiérarchie dans l'information. Entre votre dashboard Google Analytics qui affiche 47 métriques et votre CRM qui en propose 23 autres, comment identifier les 3 ou 4 signaux qui doivent vraiment guider vos décisions ?
La plupart des fondateurs avec qui j'échange passent plus de temps à analyser leurs métriques qu'à agir dessus. Ils comparent le taux de conversion de la semaine dernière avec celui d'il y a trois semaines, scrutent les variations de leur CAC sur les 30 derniers jours, mais reportent constamment les décisions importantes faute de vision claire.
Pourquoi la majorité des OKR échouent dans leur première année
Les OKR (Objectives and Key Results) sont devenus la méthode de référence pour structurer les objectifs d'une start-up. Pourtant la plupart des équipes abandonnent leur système d'OKR dans les premiers mois de mise en place. En voici trois raisons principales :
Les objectifs sont déconnectés des métriques business réelles. On fixe des OKR ambitieux ("Améliorer l'expérience utilisateur") sans les rattacher aux leviers de croissance concrets de l'entreprise.
Les Key Results ne sont pas mesurables avec les outils existants. Fixer comme objectif "Augmenter l'engagement de 25%" quand vous n'avez pas défini ce qu'est l'engagement ou comment le mesurer de façon fiable.
Il n'y a pas de cadence de suivi régulière. Les OKR sont définis en janvier puis ressortent des tiroirs en mars pour constater qu'on a oublié de les suivre.
Le framework en 3 étapes : Mesurer → Comprendre → Agir
Un système de pilotage efficace articule trois niveaux :
Mesurer : Identifier les 5-7 métriques qui traduisent vraiment la santé de votre business. Pas 20, pas 50. Entre 5 et 7.
Comprendre : Organiser ces métriques dans une hiérarchie claire, avec une North Star Metric qui donne la direction et des KPI de pilotage qui permettent d'anticiper les évolutions.
Agir : Transformer cette compréhension en objectifs trimestriels concrets (OKR) avec des responsables identifiés et des échéances précises.
Ce que nous allons construire ensemble dans ce guide, c'est exactement ce framework : un système qui vous permet de passer de "j'ai plein de données" à "je sais exactement quoi faire cette semaine pour faire avancer mon business".


Les fondamentaux : North Star, KPI et OKR expliqués simplement
Avant de rentrer dans les détails opérationnels, posons les bases.
North Star Metric : votre boussole de croissance
La North Star Metric (NSM) est l'unique métrique qui résume le mieux la création de valeur de votre entreprise. Elle répond à une question simple : si vous ne pouviez suivre qu'une seule métrique pour les 12 prochains mois, laquelle choisiriez-vous ?
Quelques exemples pour clarifier :
Slack : Messages envoyés par équipe et par semaine
Airbnb : Nuits réservées
Spotify : Temps d'écoute par utilisateur actif
HubSpot : Weekly Active Teams (équipes qui utilisent le produit chaque semaine)
Netflix : Heures de visionnage par mois
Une bonne North Star a quatre caractéristiques :
Elle reflète la valeur délivrée au client. Si votre NSM augmente, cela signifie que vos clients tirent plus de valeur de votre produit.
Elle prédit la croissance du chiffre d'affaires. Pas forcément de façon immédiate, mais il doit y avoir une corrélation claire sur 6-12 mois.
Elle peut être influencée par les actions de vos équipes. Vous devez pouvoir identifier des leviers concrets pour la faire évoluer.
Elle reste stable dans le temps. Vous ne changez pas de North Star tous les trimestres. Elle évolue avec les phases de maturité de votre entreprise, mais lentement.
KPI vs métriques : la différence qui change tout
Toutes les métriques ne sont pas des KPI. Une métrique devient un KPI quand elle remplit trois conditions :
Elle est actionnable : vous pouvez identifier des actions concrètes pour l'influencer dans les 2-4 semaines qui viennent.
Elle est fiable : la mesure est cohérente, actualisée régulièrement et vous avez confiance dans sa précision.
Elle a un propriétaire : une personne ou une équipe est explicitement responsable de son évolution.
Par exemple, "le nombre de visiteurs uniques" est une métrique. "Le taux de conversion visiteur → essai gratuit, mesuré hebdomadairement et piloté par l'équipe Marketing" est un KPI. Cette distinction est cruciale parce qu'elle détermine ce qui va vraiment être suivi et optimisé par vos équipes.
OKR : transformer vos hypothèses en objectifs mesurables
Les OKR structurent vos hypothèses de croissance en objectifs concrets sur un trimestre.
Un "Objective" répond à la question "Où voulons-nous aller ?". Il est qualitatif, inspirant et donne une direction claire. Exemple : "Accélérer l'adoption du produit par nos nouveaux utilisateurs".
Les "Key Results" répondent à "Comment saura-t-on qu'on y arrive ?". Ils sont quantitatifs, mesurables et temporellement définis. Exemple : "Passer de 35% à 50% d'utilisateurs actifs à J+7 après inscription".
La règle d'or : 1 Objective = 3-4 Key Results maximum. Si vous avez plus de Key Results, c'est que votre Objective est trop large ou que vous essayez de couvrir plusieurs sujets en même temps.
Comment ces 3 éléments s'articulent ?
Voici comment North Star, KPI et OKR travaillent ensemble :
Votre North Star donne la direction long terme (12-24 mois). Elle ne change que rarement et guide toutes vos décisions stratégiques.
Vos KPI décomposent cette North Star en leviers actionnables à court terme (4-8 semaines). Ils vous permettent d'anticiper les évolutions de votre North Star.
Vos OKR transforment ces KPI en objectifs trimestriels avec des cibles précises et des responsables identifiés.
Exemple concret pour une start-up B2B SaaS :
North Star : ARR (Annual Recurring Revenue)
KPI de pilotage : Nouveaux clients acquis par mois, Taux de churn mensuel, Upsell rate
OKR Q1 : "Accélérer l'acquisition" → KR1 : Passer de 12 à 18 nouveaux clients/mois, KR2 : Réduire le cycle de vente de 45 à 35 jours


Choisir sa North Star selon votre modèle économique
Le choix de votre North Star dépend fondamentalement de votre modèle économique et de votre phase de croissance. Une erreur fréquente consiste à copier la North Star d'une entreprise qu'on admire sans tenir compte de ces spécificités.
B2B PLG : ARR vs Active Users, le dilemme résolu
Dans un modèle Product-Led Growth B2B, vous avez souvent le choix entre une métrique financière (ARR, MRR) et une métrique d'usage (Weekly Active Users, Feature Adoption).
Privilégiez l'ARR si :
Votre modèle freemium convertit rapidement (moins de 90 jours)
La valeur de votre produit est immédiatement monétisable
Vous avez dépassé 1M€ d'ARR et la croissance devient votre priorité
Privilégiez les Active Users si :
Votre cycle de conversion est long (plus de 6 mois)
L'adoption du produit conditionne fortement la conversion payante
Vous êtes en phase de product-market fit et devez d'abord prouver l'usage
Exemple : Figma a longtemps utilisé l'engagement comme North Star avant de basculer vers des métriques de revenus (ARR) une fois leur usage bien établi. Notion utilise "Weekly Active Teams" parce que leur modèle de monétisation dépend directement de l'engagement des équipes.
B2B SLG : Pipeline vs "Revenue", où placer le curseur
En Sales-Led Growth, la tension est entre métriques prédictives (pipeline, opportunités qualifiées) et métriques de résultat (revenue, nouveaux contrats signés).
Optez pour le pipeline si :
Votre cycle de vente est supérieur à 3 mois
Vous scalez une équipe commerciale
Vous avez besoin de prédictibilité pour lever des fonds
Optez pour le revenue si :
Votre cycle de vente est inférieur à 2 mois
Votre équipe commerciale est mature
Vous optimisez la profitabilité plus que la croissance
La nuance importante : votre North Star peut évoluer avec la maturité de votre entreprise. Salesforce a commencé par "New Bookings" puis a évolué vers "Net Revenue Retention" en phase de scale-up.
B2C : Engagement vs Monétisation, l'équation délicate
En B2C, l'arbitrage classique oppose souvent engagement (Time Spent, Sessions per User) et monétisation (Revenue per User, Transaction Volume).
Engagement first si :
Votre modèle repose sur la publicité ou les données
Vous construisez une marketplace avec effets de réseau
La fidélisation conditionne la monétisation long terme
Monétisation first si :
Vous avez un modèle transactionnel direct
Votre marché est très concurrentiel sur l'acquisition
Vous devez prouver rapidement la viabilité économique
TikTok optimise leur "Time Spent" parce que leur modèle publicitaire en dépend directement. Uber optimise "Trips Completed" parce que chaque trajet génère immédiatement du revenu.
Les 5 critères d'une North Star efficace
Une fois que vous avez identifié quelques candidats potentiels, validez votre choix avec ces 5 critères :
1. Corrélation revenu : Sur les 12 derniers mois, y a-t-il une corrélation visible entre l'évolution de cette métrique et votre chiffre d'affaires ?
2. Contrôlabilité : Vos équipes peuvent-elles identifier au moins 3 leviers différents pour influencer cette métrique dans les 30 jours ?
3. Clarté de mesure : Pouvez-vous calculer cette métrique de façon fiable avec vos outils actuels, avec une latence maximum de 48h ?
4. Compréhension partagée : Si vous demandez à 5 personnes de votre équipe de définir cette métrique, aurez-vous 5 définitions identiques ?
5. Stabilité temporelle : Cette métrique restera-t-elle pertinente pour les 18 prochains mois, même si votre produit ou marché évolue ?
Si votre North Star candidate ne valide pas au moins 4 de ces 5 critères, continuez à chercher.
Choisir sa North Star selon votre modèle économique
Votre North Star donne la direction, mais vous avez besoin de KPI complémentaires pour piloter au quotidien. Le piège classique : vouloir tout mesurer dès le début. La règle simple : 5-7 KPI maximum, ajustés selon votre phase de croissance.
Phase 0-1M€ : Les 5 métriques qui comptent vraiment
En phase early-stage, vous cherchez avant tout à valider votre product-market fit. Concentrez-vous sur ces 5 KPIs fondamentaux :
1. Votre North Star Metric (évidemment)
2. Un KPI d'acquisition : soit le nombre de nouveaux utilisateurs/clients par semaine, soit votre CAC si vous payez déjà pour acquérir.
3. Un KPI de rétention : taux de rétention à J+7 et J+30 pour du B2C, churn rate mensuel pour du B2B.
4. Un KPI d'activation : pourcentage d'utilisateurs qui atteignent votre "aha moment" dans les 7 premiers jours.
5. Un KPI de santé financière : soit votre burn rate mensuel, soit votre revenue run rate si vous monétisez déjà.
Exemple pour une start-up B2B SaaS en seed :
North Star : MRR
Acquisition : Nouveaux signups qualifiés/semaine
Rétention : Churn rate mensuel
Activation : % utilisateurs qui créent leur premier projet dans les 7 jours
Finance : Monthly Burn Rate
Phase 1-10M€ : Ajouter la profondeur sans perdre la simplicité
Une fois le product-market fit validé, vous pouvez ajouter 2-3 KPI pour optimiser vos leviers de croissance :
Côté acquisition : Décomposer par canal (SEO, Paid, Referral) et mesurer la qualité (LTV/CAC par canal).
Côté rétention : Ajouter des métriques de cohorte et d'engagement (feature adoption, frequency).
Côté business model : Expansion revenue, upsell rate, ou average order value selon votre modèle.
L'enjeu à cette phase : ne pas tomber dans le piège du "dashboard de Noël" avec 20 métriques qui clignotent. Gardez un dashboard principal avec vos 5 KPI fondamentaux, et créez des vues spécialisées par équipe.
Au-delà de 10M€ : Piloter la complexité sans la subir
En phase de scale-up, vous pilotez plusieurs segments, canaux et équipes en parallèle. Vos KPI doivent refléter cette complexité sans devenir illisibles :
Segmentation par cohorte : Mesurer vos KPI principaux par segment client, par période d'acquisition, par canal d'origine.
Métriques prédictives : Leading indicators qui vous permettent d'anticiper les évolutions de vos métriques de résultat.
KPI de qualité opérationnelle : Time to value, customer satisfaction scores, team velocity.
La règle d'or reste la même : votre dashboard principal ne doit jamais dépasser 7-8 métriques. Créez des vues de détail pour l'analyse approfondie, mais gardez la simplicité pour le pilotage quotidien.
Glossaire des KPIs incontournables
Organisé selon le framework AARRR (Acquisition, Activation, Rétention, Referral, Revenue)
Acquisition :
CAC (Customer Acquisition Cost) : Coût total marketing + sales / nombre de nouveaux clients acquis
Payback Period : Temps nécessaire pour récupérer le CAC via le revenue généré
Conversion rate : % de prospects qui deviennent clients payants
Engagement :
DAU/MAU ratio : Daily Active Users / Monthly Active Users (indication de stickiness)
Feature adoption : % d'utilisateurs qui utilisent une fonctionnalité spécifique
Time to value : Temps moyen entre inscription et premier "aha moment"
Rétention :
Churn rate : % de clients qui arrêtent de payer sur une période donnée
Net Revenue Retention : (Revenu début période + Expansion - Churn - Contraction) / Revenu début période
Cohort retention : % d'utilisateurs d'une cohorte encore actifs après X périodes
Referral :
K-factor : Nombre moyen d'invitations envoyées × taux de conversion des invitations
Referral rate : % d'utilisateurs qui invitent au moins une personne
Viral coefficient : Mesure de la croissance organique via le bouche-à-oreille
Financier :
LTV (Lifetime Value) : Revenu moyen généré par un client sur toute sa durée de vie
Monthly Recurring Revenue (MRR) : Revenu récurrent normalisé sur un mois
Gross margin : (Revenu - Coût direct) / Revenu


Transformer vos métriques en OKR actionnables
Maintenant que vous avez défini votre North Star et vos KPIs de pilotage, l'étape suivante consiste à transformer cette compréhension en objectifs trimestriels concrets. C'est ici que beaucoup d'équipes échouent : elles ont de bonnes métriques mais n'arrivent pas à les traduire en actions coordonnées.
De la North Star aux Key Results : la méthode de cascade
La logique de cascade part de votre North Star et se décompose en plusieurs niveaux :
Niveau 1 - OKR entreprise : Votre North Star devient l'objectif principal, vos KPIs de pilotage deviennent les Key Results.
Niveau 2 - OKR par équipe : Chaque équipe prend un ou deux Key Results du niveau entreprise et les décompose à son échelle.
Niveau 3 - OKR individuels (optionnel) : Pour les équipes matures, chaque personne peut avoir 1-2 Key Results personnels alignés avec ceux de son équipe.
Exemple concret pour une start-up B2B SaaS :
Niveau entreprise :
Objectif : "Accélérer la croissance de notre ARR"
KR1 : Passer de 150K€ à 220K€ de MRR
KR2 : Réduire le churn mensuel de 8% à 5%
KR3 : Augmenter l'upsell rate de 15% à 25%
Équipe Marketing :
Objectif : "Alimenter la croissance avec des leads qualifiés"
KR1 : Générer 180 SQLs par mois (vs 120 actuellement)
KR2 : Maintenir un CAC inférieur à 800€
KR3 : Atteindre 25% de leads organiques (vs 15%)
Équipe Product :
Objectif : "Améliorer la rétention par l'usage"
KR1 : 70% des nouveaux utilisateurs atteignent l'activation en 7 jours
KR2 : Lancer la fonctionnalité "workspace collaboratif" avec 40% d'adoption
KR3 : Réduire le time-to-value de 14 à 9 jours
Fixer des cibles ambitieuses mais atteignables
La règle des 70% : vos Key Results doivent avoir environ 70% de chances d'être atteints avec vos ressources actuelles. Ni trop faciles (100% de chance), ni trop compliqués (30% de chance). Comment calibrer :
Analysez la tendance historique : Si votre MRR croît de 12% par mois depuis 6 mois, viser 15% est ambitieux mais atteignable. Viser 25% sera probablement irréaliste.
Identifiez les initiatives prévues : Quels projets, recrutements ou optimisations sont planifiés ce trimestre ? Quel impact peuvent-ils avoir ?
Intégrez une marge d'incertitude : Dans un environnement start-up, 20-30% des initiatives ne se passent pas comme prévu. Vos OKR doivent être robustes à ces aléas.
Testez la crédibilité : Demandez aux équipes responsables si elles croient pouvoir atteindre ces résultats. Si la réponse est "impossible" ou "trop facile", recalibrez.
Répartir les OKR par équipe sans créer de silos
L'erreur classique : donner des OKR complètement indépendants à chaque équipe. Résultat : L'équipe Marketing optimise le volume de leads sans regarder la qualité, l'équipe Product améliore le produit sans considérer l'impact commercial, l'équipe Sales pousse les deals sans penser à la rétention.
Principes pour éviter les silos :
OKR partagés : Au moins un Key Result commun entre les équipes qui doivent collaborer. Exemple : "Time to value < 9 jours" partagé entre l'équipe Product et Customer Success.
Métriques de qualité croisées : l'équipe Marketing suit non seulement le volume de leads mais aussi leur taux de conversion en clients. l'équipe Sales suit non seulement le closing rate mais aussi la rétention à 6 mois.
Objectifs relationnels : Particulièrement important entre Marketing/Sales et Product/Engineering. Exemple : "Réduire le time-to-market des features de 8 à 5 semaines".
Template OKR prêt à l'emploi
Voici un template que vous pouvez adapter à votre contexte :
OBJECTIF : [Action] + [Résultat attendu] + [Pourquoi c'est important] - Exemple : "Accélérer l'acquisition de clients pour soutenir notre croissance vers 1M€ ARR"
KEY RESULT 1 : [Métrique] + [Valeur actuelle] → [Valeur cible] + [Deadline] - Exemple : "Passer de 12 à 18 nouveaux clients par mois d'ici fin mars"
KEY RESULT 2 : [Métrique] + [Valeur actuelle] → [Valeur cible] + [Deadline] - Exemple : "Réduire le CAC de 1200€ à 900€ d'ici fin mars"
KEY RESULT 3 : [Métrique] + [Valeur actuelle] → [Valeur cible] + [Deadline] - Exemple : "Atteindre 30% de leads qualifiés via le canal organique d'ici fin mars"
RESPONSABLE : [Nom + équipe]
FRÉQUENCE DE SUIVI : [Hebdomadaire/Bi-hebdomadaire]
INITIATIVES CLÉS : [3-4 projets principaux pour atteindre ces résultats]


Stack technique : les outils indispensables
Un bon système de pilotage repose sur des données fiables et facilement accessibles. Inutile d'investir dans des outils sophistiqués si vos bases ne sont pas solides. Commençons par le minimum viable.
Le minimum viable : GA4 + CRM + Facturation
Pour la majorité des start-ups en phase early-stage, trois outils suffisent :
Google Analytics 4 pour mesurer l'acquisition et l'engagement sur votre site/app. Configuration minimale indispensable :
Events personnalisés pour vos actions clés (signup, activation, upgrade)
Audiences pour vos segments principaux (freemium vs payant, par source d'acquisition)
Conversions pour calculer vos taux de transformation
CRM (HubSpot, Pipedrive, Salesforce...) pour tracker votre pipeline commercial et vos clients. Points d'attention :
Intégration automatique avec votre produit pour synchroniser les données d'usage
Pipeline stages qui reflètent vraiment votre processus de vente
Custom fields pour vos métriques spécifiques (ARR, churn risk, etc.)
Système de facturation (Stripe, Chargebee...) qui devient votre source de vérité pour toutes les métriques financières. Essentiel :
Webhooks configurés pour alimenter automatiquement votre CRM
Metadata sur les souscriptions pour segmenter votre analyse
Reporting MRR natif ou complété par un outil spécialisé si nécessaire (Baremetrics, ProfitWell, ChartMogul...)
Cette stack couvre 90% de vos besoins de mesure pour les premiers millions d'euros de chiffre d'affaires.
Centralisation : éviter l'enfer des 15 dashboards
Le syndrome du "dashboard collector" guette toutes les start-ups en croissance. Vous commencez avec GA4, ajoutez votre CRM, puis Mixpanel, puis un outil de CS, puis... au final personne ne sait où trouver quelle information.
Deux approches pour centraliser :
Data warehouse + BI tool : Centraliser toutes vos données dans BigQuery/Snowflake puis créer vos dashboards dans Looker/Tableau. Plus lourd à mettre en place mais plus flexible long terme.
Dashboard agregator : Outils comme Geckoboard, Klipfolio ou Databox qui se connectent à vos outils existants et créent une vue unifiée. Plus rapide à déployer mais moins personnalisable.
Règle pratique : Tant que vous êtes sous 3M€ de chiffre d'affaires, privilégiez la simplicité. Un Google Sheet bien fait vaut mieux qu'un data warehouse mal configuré.
Qualité des données : les 3 contrôles non négociables
Des données de mauvaise qualité sont pires que pas de données du tout. Elles créent une fausse confiance et mènent à de mauvaises décisions.
Contrôle 1 - Cohérence entre sources : Votre MRR calculé depuis Stripe doit matcher celui de votre CRM. Votre nombre d'utilisateurs actifs dans Google Analytics doit être cohérent avec vos données produit. Écart tolérable : moins de 5%.
Contrôle 2 - Latence acceptable : Vos métriques principales doivent être actualisées au minimum quotidiennement. Idéalement en temps réel pour les KPIs critiques. Une latence de plus de 48h rend le pilotage impossible.
Contrôle 3 - Définitions partagées : Créez un glossaire des métriques avec les définitions exactes, les formules de calcul et les sources de données. Toute l'équipe doit avoir la même définition d'un "utilisateur actif" ou d'un "lead qualifié".
Mettez en place ces contrôles avant d'investir dans des outils plus sophistiqués. La meilleure stack technique du monde ne compense pas des données de base peu fiables.
Études de cas concrets
Rien ne vaut des exemples concrets pour comprendre comment appliquer ces principes.
Cas A : Start-up B2B PLG, de 0 à 2M€ ARR
Contexte : Plateforme de collaboration pour équipes design, modèle freemium avec upgrade vers des plans payants.
Phase 1 (0-500K€ ARR) - Focus produit
North Star : Weekly Active Teams (équipes qui utilisent le produit chaque semaine)
KPIs principaux : Nouveaux signups, Activation rate (équipe qui crée son premier projet), Rétention J+30
Challenge : 70% des équipes s'inscrivaient mais n'activaient jamais le produit
Actions prises :
Refonte complète de l'onboarding avec des templates pré-configurés
Ajout d'un assistant dans les 48h après signup pour accompagner la première utilisation
Segmentation des équipes par taille (2-5 vs 5-15 vs 15+ membres)
Résultats : Activation rate passé de 25% à 55% en 6 mois.
Phase 2 (500K-2M€ ARR) - Focus croissance
North Star : MRR (Monthly Recurring Revenue)
KPIs principaux : Free-to-paid conversion rate, Expansion revenue, Churn rate
Challenge : Forte croissance du freemium mais conversion payante stagnante à 8%
Actions prises :
Limitation plus stricte du plan gratuit (3 projets max vs illimité)
Développement de features exclusives aux plans payants (intégrations, analytics avancées)
Programme de referral avec crédits gratuits
Résultats : Conversion rate passé de 8% à 18%, MRR multiplié par 4 en 18 mois.
Apprentissages clés :
Changer de North Star au bon moment est crucial. Rester trop longtemps sur l'engagement sans optimiser la monétisation retarde la croissance.
Les limitations du plan gratuit sont aussi importantes que les features du plan payant pour driver la conversion.
Cas B : Scale-up B2C, optimisation du funnel d'activation
Contexte : App mobile de fitness personnalisé, modèle d'abonnement mensuel après 7 jours d'essai gratuit.
Situation initiale :
North Star : Abonnés payants actifs
Problème : Acquisition forte (10K downloads/mois) mais rétention très faible (15% à J+30)
Funnel : 100 downloads → 60 créent un compte → 25 terminent l'onboarding → 8 font leur première séance → 3 s'abonnent
Analyse des données :
40% d'abandon à la création de compte (formulaire trop long)
58% d'abandon pendant l'onboarding (questionnaire de 10 questions)
68% n'essaient jamais le produit après l'onboarding
Ceux qui font 3+ séances dans les 7 premiers jours convertissent à 45%
Hypothèse : Le vrai problème n'est pas l'acquisition mais le time-to-value. Les utilisateurs abandonnent avant d'expérimenter la valeur du produit.
Plan d'action sur 3 mois :
OKR : "Réduire le time-to-first-séance de 24h à 1 heure"
KR1 : 80% des nouveaux utilisateurs font leur premier workout dans l'heure (vs 8% actuellement)
KR2 : Réduire l'onboarding de 15 à 3 questions essentielles
KR3 : 35% des utilisateurs J+7 ont fait 3+ séance (vs 12%)
Actions concrètes :
Inscription simplifiée : email + mot de passe seulement
Onboarding raccourci : objectif + niveau + workout immédiat
Première séance en 5 minutes maximum (exercices au poids du corps)
Push notifications intelligentes basées sur le moment optimal pour chaque utilisateur
Résultats après 3 mois :
Time-to-first-séance : 24h → 1 h
Rétention J+7 : 15% → 32%
Conversion trial→payant : 12% → 28%
Coût d'acquisition effectif (CAC/LTV) amélioré de 40%
Apprentissages clés :
En B2C mobile, chaque étape d'onboarding fait perdre 30-50% des utilisateurs
La valeur perçue doit être délivrée avant la valeur expliquée
Les micro-conversions (première séance, première semaine complétée) sont souvent plus prédictives que les métriques macro
Avant/après : l'impact d'un bon système de pilotage
Avant - Situation typique des start-ups sans système structuré :
15+ métriques suivies dans 6 outils différents
Réunions hebdomadaires de 2h pour "faire le point sur les chiffres"
Décisions prises au feeling faute de données claires
Chaque équipe optimise ses propres métriques sans vision globale
OKR fixés puis oubliés, ressortis en fin de trimestre pour constater l'échec
Après - Avec un système de pilotage structuré :
1 North Star + 5 KPIs suivis quotidiennement
Dashboard unique actualisé en temps réel
Décisions hebdomadaires basées sur les données
OKR en cascade avec ownership clair par équipe
Réunions de pilotage de 30 minutes focalisées sur les actions
Impact mesuré sur 12 mois :
Vélocité de décision : -60% de temps entre identification d'un problème et mise en place d'une solution
Alignement équipes : 90% des initiatives lancées contribuent directement aux OKR (vs 40% avant)
Prédictibilité : écart entre prévisionnel et réalisé passé de ±40% à ±15%
Performance : croissance mensuelle passée de 8% à 18% avec les mêmes ressources


Les pièges à éviter absolument
Même avec les meilleures intentions certaines erreurs reviennent souvent. Voici les 4 pièges les plus coûteux et comment les identifier avant qu'il ne soit trop tard.
Vanity metrics : reconnaître et éliminer
Les vanity metrics donnent l'impression que tout va bien mais n'ont aucun lien avec la création de valeur réelle. Elles sont dangereuses parce qu'elles retardent la prise de conscience des vrais problèmes.
Exemples classiques :
Page views : peuvent augmenter avec un mauvais trafic qui ne convertit pas
Nombre d'utilisateurs inscrits : sans regarder l'activation ou la rétention
Social media followers : sauf si directement corrélé à l'acquisition de clients
Fonctionnalités développées : la vélocité de développement ne garantit pas l'impact business
Comment identifier une vanity metric :
Test de l'action : Si cette métrique se dégradait de 50% demain, changeriez-vous vos priorités ou prendriez-vous des actions concrètes ? Si non c'est probablement une vanity metric.
Test de la corrélation : Cette métrique prédit-elle l'évolution de votre chiffre d'affaires sur 3-6 mois ? Si non, elle n'a pas sa place dans votre dashboard principal.
Test du propriétaire : Quelqu'un dans votre équipe est-il explicitement responsable de l'optimisation de cette métrique ? Si personne ne s'en occupe activement, elle ne sert à rien.
Remplacements recommandés :
Page views → Qualified traffic (visiteurs qui matchent votre ICP)
Users inscrits → Activated users (qui ont atteint votre aha moment)
Social followers → Leads générés via social media
Fonctionnalités développées → Taux d'adoption des nouvelles fonctionnalités + impact sur North Star
Sur-mesure : quand trop de KPIs tue les KPIs
L'erreur opposée aux vanity metrics : vouloir tout mesurer avec une précision extrême. Résultat : paralysie par l'analyse et perte de focus sur l'essentiel.
Signaux d'alarme :
Votre dashboard principal affiche plus de 10 métriques
Vous passez plus de 2h par semaine à préparer vos reportings
Vos équipes ne consultent pas spontanément les métriques
Vous avez des métriques que personne ne regarde depuis 1 mois
La règle des 5-7 KPIs : Votre dashboard de pilotage ne doit jamais dépasser 7 métriques. Au-delà, l'attention se dilue et personne ne sait plus quoi optimiser en priorité.
Technique de priorisation : Pour chaque métrique, demandez-vous :
Si elle se dégradait de 30% cette semaine, changeriez-vous vos priorités ?
Cette métrique influence-t-elle directement vos décisions budgétaires ou stratégiques ?
Quelqu'un regarde-t-il cette métrique au moins une fois par semaine ?
Si vous répondez non à une de ces questions, sortez la métrique de votre dashboard principal. Vous pourrez toujours la consulter ponctuellement pour des analyses spécifiques.
Dashboard cimetière : pourquoi personne ne regarde vos métriques
Vous avez créé de beaux dashboards, avec de jolies visualisations et des métriques pertinentes. Pourtant personne ne les regarde spontanément. Trois causes principales :
Problème d'accessibilité : Le dashboard n'est pas accessible en 2 clics depuis les outils que vos équipes utilisent quotidiennement. Solution : intégration Slack, email automatique, ou raccourci sur le bureau.
Problème de pertinence : Les métriques affichées ne correspondent pas aux préoccupations quotidiennes de vos équipes. Solution : créer des vues spécialisées par équipe avec leurs KPIs spécifiques.
Problème d'actionnabilité : Les équipes regardent les chiffres mais ne savent pas quoi en faire. Solution : associer chaque métrique à des actions claires et des responsables identifiés.
Checklist pour un dashboard vivant :
Accessible en moins de 30 secondes depuis Slack, email ou équivalent
Actualisé au minimum quotidiennement
Chaque métrique a un propriétaire clairement identifié
Actions correctives prédéfinies si une métrique se dégrade
Consulté spontanément par au moins 3 personnes par semaine
OKR fantômes : objectifs sans responsable ni deadline
Les OKR fantômes sont des objectifs qui existent sur le papier mais n'ont pas de réalité opérationnelle. Ils donnent l'illusion qu'on structure la croissance mais n'ont aucun impact.
Caractéristiques des OKR fantômes :
Pas de responsable explicite ("l'équipe produit" au lieu de "Marie, PM")
Pas de deadline intermédiaire (seulement "fin de trimestre")
Pas d'initiatives concrètes pour les atteindre
Pas de suivi hebdomadaire ou bi-hebdomadaire
Key Results non mesurables avec vos outils actuels
Comment ressusciter des OKR fantômes :
Assignation claire : Chaque Key Result doit avoir un propriétaire nominal qui va en répondre personnellement. Cette personne ne fait pas forcément tout le travail, mais elle coordonne et rend compte.
Décomposition hebdomadaire : Si votre Key Result est "Passer de 100 à 150 clients", vous devez pouvoir dire chaque semaine où vous en êtes et si vous êtes bien partis.
Initiatives liées : Pour chaque Key Result, listez 3-4 initiatives concrètes qui vont contribuer à l'atteindre. Sans initiatives, un OKR n'est qu'un vœu pieux.
Cadence de suivi : Meeting hebdomadaire de 15 minutes pour faire le point sur l'avancement. Si vous n'avez pas le temps pour 15 minutes par semaine, c'est que l'OKR n'est pas vraiment prioritaire.


Plan d'action 30 jours
Voici comment mettre en place votre système de pilotage en 4 semaines.
Semaine 1-2 : Définir votre North Star
Objectif : Choisir et configurer votre métrique prioritaire
Actions : Lister vos métriques actuelles → Identifier 3-4 candidats North Star → Tester les corrélations → Valider en équipe → Configurer le tracking
Livrable : North Star définie et mesurable
Semaine 3 : Sélectionner vos KPIs
Objectif : Identifier 5-7 KPIs de pilotage
Actions : Décomposer votre North Star → Valider la mesurabilité → Créer le dashboard unifié → Tester avec les équipes
Livrable : Dashboard opérationnel avec 5-7 métriques
Semaine 4 : Lancer vos premiers OKR
Objectif : Transformer vos KPIs en objectifs trimestriels
Actions : Définir l'OKR entreprise → Cascader par équipe → Calibrer les cibles → Assigner les responsables → Kick-off
Livrable : OKR Q1 lancés avec ownership clair
Checklist avant lancement
✅ North Star : corrélée au CA, mesurable, comprise par tous
✅ KPIs : max 7 métriques, propriétaires identifiés, actions définies
✅ OKR : cibles 70% atteignables, responsables assignés, suivi planifié
✅ Outils : dashboard accessible, données quotidiennes, glossaire partagé
Si vous ne validez pas 8 points sur 10, consolidez une semaine de plus avant le lancement.
FAQ : Questions fréquentes
Combien de temps pour voir les premiers résultats ?
2-3 semaines pour avoir des données fiables, 6-8 semaines pour mesurer l'impact des premières actions. La patience est clé.
Que faire si notre North Star stagne pendant plusieurs semaines ?
Normal en start-up. Analysez vos KPIs de pilotage : lequel se dégrade ? C'est là qu'il faut agir. La North Star suit avec 2-4 semaines de décalage.
Faut-il changer ses OKR si on est très en retard à mi-trimestre ?
Non, sauf cas exceptionnel (pivot, crise majeure). Mieux vaut comprendre pourquoi vous êtes en retard et ajuster les initiatives, pas les objectifs.
Nos métriques sont différentes entre GA4 et notre CRM, normal ?
Jusqu'à 5% d'écart est acceptable (différences de tracking, définitions). Au-delà, creusez : même définition d'un "lead" ? Même période de mesure ?
Doit-on partager nos OKR avec toute l'équipe ?
Absolument. Les OKR secrets ne servent à rien. Transparence totale sur les objectifs, les résultats et l'avancement. C'est un outil d'alignement avant tout.
Et si on n'a pas assez de données historiques pour calculer les corrélations ?
Commencez par votre meilleure hypothèse basée sur votre connaissance du business. Vous ajusterez dans 3-6 mois avec plus de data. L'attentisme est pire que l'imprécision.
Peut-on avoir plusieurs North Star selon les équipes ?
Non. Une seule North Star par entreprise, sinon vous créez des silos. Les équipes peuvent avoir des KPIs spécifiques, mais tous doivent contribuer à la même North Star.
Comment convaincre l'équipe de suivre ces métriques religieusement ?
Montrez l'impact : "Grâce à cette métrique, on a identifié X et ça nous a fait gagner Y". Résultats concrets > théories. Et impliquez-les dans le choix des métriques.
Conclusion
Piloter la croissance d'une start-up avec des OKR et des KPIs efficaces n'est pas une question d'outils sophistiqués ou de tableaux de bord impressionnants. C'est une question de clarté, de discipline et d'alignement.
Clarté sur ce qui compte vraiment : votre North Star et les 5-7 leviers qui l'influencent directement.
Discipline dans la mesure et le suivi : des données fiables, actualisées et consultées régulièrement.
Alignement de toutes vos équipes sur des objectifs communs, avec des responsabilités claires et des échéances précises.
Le framework que nous avons définit ensemble transforme vos hypothèses de croissance en système de pilotage actionnable. Vous ne devinez plus, vous mesurez. Vous ne subissez plus, vous anticipez. Vous ne gérez plus, vous pilotez.
Commencez dès cette semaine par définir votre North Star. Tout le reste en découle naturellement.


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